Prise en charge du syndrome néphrotique : revue critique des phytothérapies fondées sur des données probantes et des stratégies d'intégration clinique
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I. Fondements cliniques du syndrome néphrotique (SN)
1.1 Définition du dysfonctionnement de la barrière glomérulaire : le syndrome neurogène (SN) comme syndrome clinique
Le syndrome néphrotique (SN) est une affection clinique définie résultant d'une pathologie grave du glomérule, l'appareil de filtration rénale. Il est universellement caractérisé par une triade clinique déterminante : protéinurie massive, hypoalbuminémie et œdème périphérique, souvent accompagnés d'hyperlipidémie.
La perte massive de protéines dans les urines constitue le mécanisme pathologique fondamental, à l'origine de la cascade de troubles physiologiques ultérieurs. Cette caractéristique, la protéinurie, est cliniquement quantifiée par une perte urinaire de 3 grammes ou plus de protéines par 24 heures chez l'adulte, ou, chez l'enfant, supérieure à 40 mg/m² par heure. La déplétion des protéines circulantes qui en résulte entraîne une hypoalbuminémie, définie par des concentrations d'albumine sérique inférieures à 30 g/L.
La physiopathologie sous-jacente repose sur une défaillance de la perméabilité sélective à travers la membrane basale glomérulaire (MBG) endommagée. Le site principal de la lésion se situe dans les glomérules, ces amas complexes de petits vaisseaux sanguins responsables de la séparation des composants sanguins essentiels des déchets. Normalement, les glomérules retiennent de grosses molécules, comme l'albumine, essentielle au maintien de l'équilibre hydrique tout en filtrant les déchets. Lorsqu'elle est endommagée, cette barrière essentielle cède, permettant à un excès de protéines sanguines de s'infiltrer dans les urines, déclenchant ainsi le syndrome.
Le rôle pivot du podocyte
L'intégrité de la barrière de filtration rénale dépend de manière critique de cellules épithéliales viscérales spécialisées appelées podocytes. Ces cellules prolongent les processus podocytaires interdigités (PF) reliés par le complexe diaphragme à fentes (DS), formant ainsi la barrière sélective ultime. En pathologie néphrotique, les événements précoces sont marqués par des altérations moléculaires du complexe DS ou, le plus souvent, par une réorganisation structurale impliquant l'effacement (fusion) des PF. Cette rupture structurale élimine les fentes de filtration, permettant une fuite protéique massive. Le dysfonctionnement des podocytes étant au cœur de diverses maladies glomérulaires protéinuriques, ces cellules représentent une cible moléculaire majeure pour les interventions thérapeutiques visant à stopper la progression de l'insuffisance rénale chronique (IRC).
1.2 Spectre étiologique et principaux facteurs déterminants
La présentation clinique du syndrome néphrotique peut résulter d’un spectre de causes, allant des maladies intrinsèques à la structure rénale (primaires) aux manifestations d’une maladie systémique sous-jacente (secondaires).
Les principales causes sont la maladie à lésions minimales (MLM), plus fréquente chez l'enfant, ainsi que la glomérulosclérose segmentaire et focale (GSSF) et la néphropathie membraneuse (MN), sous-types histologiques fréquents chez l'adulte. La GSSF, en particulier, est très préoccupante en raison de la difficulté à obtenir une rémission durable, conduisant souvent à une insuffisance rénale terminale (IRT) et récidivant fréquemment même après une transplantation rénale. La NS secondaire résulte d'affections telles que la néphropathie diabétique (ND), le lupus érythémateux disséminé (LED), l'amylose, des infections congénitales ou les effets indésirables de certains médicaments.
L'hétérogénéité des étiologies du syndrome néphrotique a des implications importantes pour les stratégies de prise en charge holistique. Le facteur spécifique des lésions glomérulaires étant variable – qu'il s'agisse d'une attaque auto-immune (LED), d'une conséquence métabolique (DN) ou d'une podocytopathie primaire (FSGS), un agent holistique universellement « meilleur » ne peut être désigné que si son action cible une voie aval commune et unificatrice (par exemple, inflammation ou stress oxydatif). Par conséquent, le processus de sélection d'une phytothérapie d'appoint doit être fondamentalement guidé par la pathologie sous-jacente confirmée. L'évaluation des candidats thérapeutiques doit donc examiner attentivement leur mécanisme démontré par rapport aux causes sous-jacentes les plus probables ou les plus graves du syndrome.
1.3 Pathogénèse des manifestations cliniques et des complications
La perte massive de protéines génère des déséquilibres hydriques systémiques et des troubles métaboliques secondaires.
Formation d'œdème
L'œdème, se manifestant par un gonflement, généralement au niveau des jambes, des pieds, des chevilles ou du visage, est un symptôme classique du syndrome de Stevens-Johnson. Le développement d'une rétention hydrique s'explique classiquement par l'hypothèse du sous-remplissage, selon laquelle une hypoalbuminémie importante entraîne une baisse de la pression osmotique colloïdale plasmatique, provoquant une extravasation accrue d'eau dans les tissus interstitiels. Cependant, une autre hypothèse, l'hypothèse du surremplissage, suggère qu'un défaut intrinsèque des tubules rénaux contribue indépendamment à une insuffisance d'excrétion sodée, conduisant à une rétention hydrique primaire.
Complications potentiellement mortelles
Le syndrome néphrotique augmente considérablement le profil de risque de complications graves en raison de l’altération des concentrations de protéines plasmatiques.
Infections : Les patients présentent un risque accru d’infection, souvent attribué à la perte urinaire d’immunoglobulines et à une altération de la fonction immunitaire.
Thromboembolie (TE) : La NS est un facteur de risque majeur de TE artérielle et veineuse. Les patients présentant une protéinurie massive présentent un risque 3,4 fois plus élevé de TE veineuse. Le mécanisme sous-jacent implique la perte de facteurs anticoagulants naturels dans les urines et une surproduction hépatique concomitante de facteurs prothrombotiques. La prise en charge de cette complication nécessite une attention particulière à la prophylaxie anticoagulante potentielle ou à la prise en charge rapide des événements avérés.
Évolution vers l'insuffisance rénale : Une lésion glomérulaire prolongée conduit invariablement à une insuffisance rénale chronique (IRC). En cas de déclin critique de la fonction rénale, les patients peuvent nécessiter une dialyse en urgence ou évoluer vers une insuffisance rénale terminale (IRT), nécessitant un traitement de suppléance rénale à long terme ou une transplantation.
| Dossier clinique (The Quadrad) | Définition/Critères de diagnostic | Conséquence physiologique | Risque clinique majeur | |
| Protéinurie massive (protéinurie) | ≥ 3,5 g/24 heures (adultes) ou > 40 mg/h/m 2 (Enfants) | Perte de protéines sanguines essentielles ; force motrice d'autres symptômes | Progression des lésions glomérulaires | |
| Hypoalbuminémie | Albumine sérique < 30 g/L | Diminution de la pression osmotique colloïdale plasmatique | Œdème, déplétion du volume intravasculaire (hypovolémie) | |
| Œdème | Gonflement périphérique (jambes, chevilles, visage) | Rétention d'eau due à une pression osmotique réduite et à une rétention de sodium | Œdème pulmonaire, lésion rénale aiguë (IRA) | |
| Hyperlipidémie | Cholestérol et triglycérides élevés | Augmentation de la synthèse des lipoprotéines hépatiques et altération de leur clairance | Risque accru de maladies cardiovasculaires |
Tableau 1 : Principales caractéristiques diagnostiques et complications associées du syndrome néphrotique
II. Paradigmes de traitement conventionnels et soins de soutien
2.1 Pierres angulaires pharmacologiques de la prise en charge du syndrome nécrosant
L’objectif thérapeutique du SN est l’induction et le maintien de la rémission tout en atténuant les complications potentielles.
Les corticostéroïdes, principalement la prednisone ou la prednisolone orale, constituent le traitement initial standard, notamment pour la maladie à lésions minimales et certaines formes de glomérulosclérose segmentaire focale. Les protocoles thérapeutiques impliquent généralement une dose quotidienne élevée (par exemple, 60 mg/m 2 ou 2 mg/kg par jour) jusqu'à obtention d'une rémission, suivie d'une phase prolongée d'entretien et de diminution progressive tous les deux jours.
En cas de maladie réfractaire aux corticoïdes ou d'étiologies secondaires complexes, la prise en charge repose sur des immunosuppresseurs. Ceux-ci incluent les inhibiteurs de la calcineurine comme la ciclosporine ou le tacrolimus, les antiprolifératifs comme le mycophénolate mofétil (MMF) ou le cyclophosphamide, et les agents biologiques comme le rituximab. Le choix spécifique est dicté par l'étiologie ; par exemple, la néphrite lupique nécessite une association de prednisone et de MMF ou de cyclophosphamide.
Les inhibiteurs de l'enzyme de conversion de l'angiotensine (IEC) ou antagonistes des récepteurs de l'angiotensine (ARA) sont des composants indispensables du traitement de la néphropathie. Ces agents assurent une néphroprotection en réduisant la pression intraglomérulaire et la protéinurie, indépendamment de leurs effets tensionnels, ralentissant ainsi la progression des lésions rénales.
2.2 Soins de soutien essentiels et gestion diététique
Les soins de soutien permettent de gérer les symptômes profonds et les séquelles métaboliques du SN.
Contrôle de l'œdème et restriction sodée
Le contrôle de l'œdème nécessite une gestion rigoureuse des fluides et une restriction sodée rigoureuse afin de contrer la surcharge liquidienne et l'hypertension. Les diurétiques de l'anse, comme le furosémide, sont fréquemment utilisés ; cependant, la prudence est de mise, car ils peuvent précipiter une déplétion du volume intravasculaire et une insuffisance rénale aiguë s'ils ne sont pas administrés judicieusement. Les conseils diététiques visent à éviter les aliments transformés, principale source de sodium, et à privilégier les produits étiquetés comme étant à faible teneur en sodium (140 mg ou moins par portion).
Nuance de l'apport en protéines
La gestion de la consommation de protéines exige un équilibre clinique délicat. Bien que les patients subissent une perte protéique massive, un apport protéique excessif n'est pas indiqué, car il augmente la charge de filtration des glomérules endommagés et peut potentiellement aggraver la protéinurie. Si, historiquement, une restriction protéique sévère a parfois induit une rémission chez l'adulte, cela reste anecdotique et complexe. Le consensus actuel recommande un apport protéique modéré et soigneusement individualisé, généralement autour de 1 g par kilogramme de poids corporel par jour, surveillé de près en consultation avec un néphrologue afin d'équilibrer l'intégrité nutritionnelle et la charge rénale. Cette approche nuancée garantit au patient un apport protéique essentiel à la fonction musculaire et immunitaire sans accélérer les lésions rénales.
Gestion des lipides
L'hyperlipidémie, caractérisée par un taux élevé de cholestérol et de triglycérides, est fréquente et augmente significativement le risque cardiovasculaire. La gestion diététique consiste à limiter les graisses saturées et à éliminer les acides gras trans, en privilégiant les viandes maigres, la volaille et les huiles saines comme l'huile d'olive ou de canola.
III. Revue complète des principales phytothérapies d'appoint
3.1 Critères de sélection du « meilleur » agent holistique
La détermination de l'ingrédient holistique le plus efficace et le plus sûr nécessite une norme rigoureuse fondée sur des preuves, basée sur trois facteurs principaux : (1) une efficacité clinique démontrable dans les essais sur l'homme (réduction de la protéinurie sur 24 heures) ; (2) un profil de sécurité et de toxicité à long terme favorable ; et (3) un mécanisme moléculaire plausible ciblant la pathologie du SN (lésion des podocytes, inflammation).
3.2 Candidat 1 : Astragalus membranaceus (Huangqi) : L'immunomodulateur et le rénoprotecteur
Origine et utilisation traditionnelle
L'astragale membranaire (Huangqi) est une plante très prisée en médecine traditionnelle chinoise (MTC), utilisée depuis des siècles dans le traitement des maladies rénales chroniques et du syndrome néphrotique. Ses principes actifs comprennent un mélange complexe de polysaccharides (APS), de saponines et de flavonoïdes.
Synthèse des données d'efficacité (usage adjuvant)
Les preuves cliniques, notamment issues de revues systématiques et de méta-analyses, apportent un soutien solide à l’utilisation de l’astragale en complément du traitement conventionnel.
Amélioration de la protéinurie et de l'albumine : L'astragale, associée au traitement standard, diminue significativement la protéinurie sur 24 heures, les résultats combinés indiquant une réduction mesurable d'environ -0,53 g/24 h à la fin du traitement par rapport au traitement conventionnel seul. De plus, la supplémentation est associée à une augmentation significative du taux d'albumine sérique (différence moyenne de 3,24 g/L chez les patients non dialysés).
Fonction rénale et tension artérielle : Des données probantes suggèrent un effet positif sur la fonction rénale, notamment une augmentation de la clairance de la créatinine. De plus, l'astragale s'est avérée efficace pour réduire la tension artérielle systolique et diastolique chez les patients hypertendus.
Soutien immunologique : Un bénéfice crucial est observé dans la réduction de l’incidence des infections. Des études indiquent que les granules d’astragale pourraient réduire le nombre d’infections des voies respiratoires supérieures (IVRS) chez les enfants atteints de SN, une cohorte très exposée aux complications infectieuses.
Mécanisme d'action moléculaire
Le principal mécanisme moléculaire de l'astragale repose sur ses effets immunomodulateurs et anti-inflammatoires. Les polysaccharides d'astragale (APS) protègent spécifiquement contre la glomérulonéphrite expérimentale en inhibant la voie des cytokines médiées par le facteur de transcription nucléaire kB (NF-κB). Le NF-κB est un régulateur essentiel des gènes inflammatoires. Son inhibition inhibe la production de cytokines pro-inflammatoires clés, notamment l'interleukine-6 (IL-6), le facteur de nécrose tumorale alpha (TNF-κB) et l'interleukine-2 (IL-2), atténuant ainsi les lésions inflammatoires chroniques responsables de la pathologie rénale.
3.3 Candidat 2 : Curcumine (Curcuma longa) : L'antioxydant et le protecteur des podocytes
Origine et composants
La curcumine, dérivée de l'épice curcuma, est le composé curcuminoïde clé, apprécié pour ses puissantes propriétés anti-inflammatoires, antioxydantes et antifibrotiques.
Mécanismes de rénoprotection
La curcumine offre un potentiel thérapeutique en s’attaquant aux principaux facteurs en amont des lésions glomérulaires : le stress oxydatif et l’inflammation.
Voies antioxydantes et anti-inflammatoires : La curcumine protège les reins en activant la voie Nrf2 et en inhibant la signalisation NF-κB, supprimant ainsi l'inflammation et les dommages oxydatifs. Il a été démontré qu'elle atténue les lésions rénales chez l'animal en inhibant la peroxydation lipidique.
Protection spécifique des podocytes : La curcumine est particulièrement pertinente dans le syndrome néphrotique secondaire à la néphropathie diabétique (ND). Dans des modèles d'exposition élevée au glucose, le traitement à la curcumine a efficacement protégé les podocytes des lésions. Ce mécanisme implique la suppression de la production anormale d'espèces réactives de l'oxygène (ERO) et l'inhibition de l'expression de la protéine kinase interagissant avec le récepteur 3 (RIPK3), suggérant qu'elle peut contrer spécifiquement les voies de mort et de lésion cellulaires induites par l'hyperglycémie dans les podocytes.
Défi d'efficacité clinique et de biodisponibilité
Des données cliniques, principalement axées sur le syndrome néphrotique secondaire à des maladies systémiques spécifiques, montrent que la supplémentation en capsules de curcuma peut réduire la protéinurie et la pression artérielle systolique chez les patients atteints de néphropathie diabétique et de néphrite lupique. De plus, elle a démontré une réduction marquée des marqueurs inflammatoires tels que le TNF-α et l'IL-6 chez les patients atteints d'IRC.
Un obstacle clinique majeur à la curcumine réside dans sa faible biodisponibilité orale intrinsèque. Pour atteindre des concentrations sériques cliniquement pertinentes, la curcumine doit être associée à des activateurs. L'administration concomitante de pipérine (issue du poivre noir) est une stratégie courante qui a démontré une augmentation spectaculaire de la concentration sérique de curcumine, souvent jusqu'à 2 000 %. Sans ces formulations spécialisées, le composé ingéré pourrait ne pas atteindre les niveaux thérapeutiques dans le tissu rénal cible.
3.4 La comparaison : Astragale vs. Curcumine
En matière d'évaluation de l'applicabilité clinique, l'Astragalus membranaceus offre actuellement les preuves les plus convaincantes et les plus complètes, étayées par des revues systématiques démontrant une réduction constante et quantifiable de la protéinurie sur 24 heures pour diverses étiologies de SN. La curcumine, bien que possédant des mécanismes moléculaires sans doute plus spécifiques et plus précis, notamment pour la DN, présente des données d'essais cliniques généralisés sur la SN plus faibles et est confrontée à la nécessité absolue de formules à biodisponibilité améliorée.
Toutefois, la principale limitation de la recommandation clinique pour les deux agents passe de l’efficacité à la sécurité lorsqu’on considère leur utilisation parallèlement au traitement néphrologique standard.
| Ingrédient | Composé actif | Mécanisme d'action dans le SN | Effet clinique observé (adjuvant) | Profil de sécurité/Note posologique |
| Astragale ( A. membranaceus ) | Polysaccharides (APS), Saponines | Immunomodulateur ; inhibe le NF- Inflammation médiée par κ B ; Réduit la libération de cytokines (IL-6, TNF- α ). | Réduction significative de la protéinurie sur 24 h ; augmentation de l'albumine sérique. Réduction de l'incidence des infections des voies respiratoires supérieures. | Potentiel d’activation du système immunitaire, posant un risque critique lorsqu’il est associé à des immunosuppresseurs. |
| Curcumine ( C. longa ) | Curcuminoïdes (diféruloylméthane) | Puissant antioxydant, anti-inflammatoire ; protège les podocytes (suppression de RIPK3) ; activation de Nrf2. | Réduction des marqueurs inflammatoires (TNF- α , IL-6); Protéinurie réduite (en particulier DN, Lupus NS). | Faible biodisponibilité (nécessite une formulation spécifique/pipérine). Des doses élevées peuvent être toxiques chez les receveurs de greffe. |
| Tripterygium wilfordii | Polyglycosides (Triptolide) | Immunosuppresseur; Anti-inflammatoire. | Taux de rémission amélioré ; Réduction significative de la protéinurie. | Risque élevé de toxicité inhérente : hépatotoxicité et néphrotoxicité sévères. Ne convient pas à une recommandation holistique générale. |
Tableau 2 : Efficacité comparative et mécanismes des principales phytothérapies dans le SN
IV. Évaluation d'autres ingrédients complémentaires
4.1 Agents à haut risque et à haute efficacité : Tripterygium wilfordii
Le polyglycoside de Tripterygium wilfordii (TWP), un autre agent reconnu de la médecine traditionnelle chinoise, possède d'importantes propriétés immunosuppressives, ce qui le rend très efficace dans le traitement des maladies rénales auto-immunes et inflammatoires, telles que la néphropathie à IgA. Des revues systématiques confirment que le TWP peut améliorer les taux de rémission et réduire significativement la protéinurie.
Cependant, la forte puissance du TWP est intrinsèquement liée à d'importants problèmes de sécurité. La littérature fait explicitement état d'un risque persistant de toxicité multiorganique, notamment d'hépatotoxicité et de néphrotoxicité sévères. L'ampleur de ce risque impose une surveillance médicale rigoureuse et exclut ce médicament comme ingrédient holistique sûr et généralement recommandé. Son utilisation est limitée à des contextes spécialisés et hautement contrôlés, où ses puissants bénéfices l'emportent sur le risque considérable d'effets indésirables.
4.2 Compléments nutritionnels et métaboliques
Acides gras polyinsaturés oméga-3 (AGPI)
Les acides gras oméga-3, en particulier l’EPA et le DHA dérivés des poissons gras, sont appréciés pour leur rôle de précurseurs des eicosanoïdes qui modifient les processus inflammatoires, offrant une protection cardiovasculaire et anti-inflammatoire.
Dans la prise en charge de la protéinurie, les données cliniques sont peu concluantes. Si une revue n'a constaté aucune différence significative dans la réduction de la protéinurie lorsque les oméga-3 étaient associés à des inhibiteurs du SRA, d'autres études suggèrent une réduction substantielle de la protéinurie dans certaines glomérulopathies, comme la néphropathie à IgA (IgAN). Bien que considérés comme un complément alimentaire sûr, les bases scientifiques actuelles pour recommander largement les acides gras polyinsaturés oméga-3 comme un puissant réducteur général de la protéinurie dans le syndrome néphrotique restent fragiles.
Probiotiques
Les probiotiques, utilisés pour leur rôle dans la modulation de l'axe intestin-rein, offrent un soutien systémique dans l'IRC. L'insuffisance rénale compromet souvent l'intégrité de la barrière intestinale. Les probiotiques contribuent à restaurer cette barrière et à réduire la production et l'absorption de toxines urémiques (par exemple, le p-crésol), qui contribuent à l'inflammation systémique et aux lésions rénales. En diminuant les taux de cytokines pro-inflammatoires (TNF-α, IL-6) et en améliorant les profils métaboliques, les probiotiques constituent un traitement de soutien important. Leur fonction principale est la gestion des déchets métaboliques et l'anti-inflammation systémique, en complément du traitement conventionnel, mais ils ne se positionnent pas comme des concurrents directs des agents modulant directement la perméabilité glomérulaire.
V. Profil de sécurité, atténuation des risques et intégration clinique
L'utilisation de tout composé d'origine végétale chez les patients atteints du syndrome néphrotique doit être considérée comme prioritaire en raison de préoccupations de sécurité, compte tenu du risque d'interactions graves, voire mortelles, avec les médicaments conventionnels à haut risque. L'absence de réglementation de la FDA concernant le dosage, la composition et la pureté des compléments alimentaires à base de plantes alourdit considérablement la surveillance clinique.
5.1 Divulgation obligatoire : interactions médicamenteuses et plantes médicinales puissantes
Le danger le plus immédiat provient des agents qui interfèrent avec l’élimination métabolique des immunosuppresseurs ou qui antagonisent directement leur fonction.
Le conflit d'immunomodulation (Astragale)
Il est clairement démontré que l'astragale augmente l'activité du système immunitaire. Cet effet immunomodulateur inhérent crée un conflit pharmacologique critique lorsque la plante est administrée conjointement avec des médicaments immunosuppresseurs, tels que la cyclosporine ou le cyclophosphamide, qui visent à diminuer l'activité immunitaire. La conséquence potentielle est une réduction directe de l'efficacité de l'agent immunosuppresseur, ce qui peut précipiter une rechute de la maladie ou, chez les receveurs de greffe, entraîner un rejet aigu du greffon. Cet effet antagoniste impose d'éviter l'astragale chez les patients recevant un traitement immunosuppresseur puissant, sauf avis contraire d'un médecin.
Surcharge métabolique et toxicité (curcumine/tacrolimus)
L'interaction de la curcumine avec le système enzymatique hépatique du cytochrome P450 (CYP) représente un risque grave pour les patients traités par inhibiteurs de la calcineurine (ICN). Le tacrolimus, fréquemment utilisé dans le syndrome néphrotique réfractaire et après une transplantation, dépend du CYP3A4 pour sa clairance. De fortes doses de curcuma/curcumine peuvent inhiber cette enzyme, empêchant ainsi son élimination efficace. Un cas documenté a rapporté que la consommation de curcuma à forte dose avait entraîné une accumulation toxique de tacrolimus, entraînant une insuffisance rénale aiguë chez un receveur de greffe de rein. Cet exemple démontre comment même des agents naturels prometteurs sur le plan thérapeutique peuvent devenir profondément néphrotoxiques lorsqu'ils perturbent la pharmacocinétique délicate de médicaments essentiels à index thérapeutique étroit.
Autres interactions médicamenteuses critiques
D'autres plantes médicinales présentent des risques similaires et bien connus. Le millepertuis (Hypericum perforatum) est strictement contre-indiqué avec les immunosuppresseurs comme la cyclosporine, car il induit le métabolisme du CYP3A4, accélérant ainsi la clairance du médicament et entraînant des concentrations médicamenteuses dangereusement sous-thérapeutiques, pouvant entraîner un rejet de greffe. La racine de réglisse (Glycyrrhiza glabra) doit être évitée chez les patients atteints de syndrome de Stevens-Johnson (SN) sous diurétiques ou inhibiteurs du SRA, car ses propriétés minéralocorticoïdes provoquent une rétention sodée et hydrique, ce qui contrecarre directement la stratégie de prise en charge de l'œdème et aggrave l'hypertension.
| Agent à base de plantes | Classe de médicaments conventionnels touchée | Exemples spécifiques de médicaments | Mécanisme d'interaction | Risque clinique chez les patients atteints de NS |
| Astragale ( A. membranaceus ) | Immunosuppresseurs | Ciclosporine, Tacrolimus, Prednisone | Améliore la fonction immunitaire (immunomodulation neutralisante). | Diminution de l’efficacité des immunosuppresseurs ; risque de rechute de la maladie ou de rejet du greffon. |
| Curcuma/Curcumine (à forte dose) | Immunosuppresseurs | Tacrolimus (ICN) | Inhibition de la clairance hépatique médiée par le CYP3A4. | Augmentation de la concentration de tacrolimus à des niveaux toxiques ; risque d'insuffisance rénale aiguë. |
| Millepertuis ( H. perforatum ) | Immunosuppresseurs | Ciclosporine, Tacrolimus | Induit le métabolisme du CYP3A4 et de la P-glycoprotéine. | Niveaux sous-thérapeutiques de médicaments ; risque de rejet aigu du greffon. |
| Racine de réglisse ( G. glabra ) | Diurétiques, inhibiteurs du SRA | Furosémide, IEC/ARA | Effet minéralocorticoïde (rétention sodium/eau). | Contrecarre le traitement des œdèmes ; aggrave l’hypertension. |
| Créatine | Statut néphroprotecteur | Aucun (supplément exogène) | Augmente la charge rénale, notamment en cas de déshydratation. | Potentiel de rhabdomyolyse et d’insuffisance rénale aiguë (IRA) chez les personnes sensibles. |
5.2 Identifier et éviter les composés néphrotoxiques
Les patients doivent également éviter les plantes intrinsèquement néphrotoxiques ou susceptibles de provoquer des complications. Les plantes riches en phosphore, comme l'ortie, la prêle, la luzerne et le ginseng américain, doivent être limitées chez les patients présentant une IRC avancée nécessitant une restriction en phosphore. Les composés exogènes qui augmentent la charge rénale, comme la créatine, peuvent prédisposer les personnes sensibles à une insuffisance rénale aiguë et doivent être évités. Enfin, les plantes explicitement contre-indiquées en raison du risque inhérent d'atteinte rénale, comme les produits à base d'aristoloche (aristoloche, gingembre sauvage), ne doivent jamais être consommées.
VI. Synthèse et recommandations
6.1 Identification du meilleur ingrédient adjuvant
D'après une analyse rigoureuse des données cliniques démontrant une réduction mesurable de la protéinurie sur 24 heures, principal indicateur de la gravité du syndrome néphrotique, l'Astragalus membranaceus est scientifiquement reconnu comme l'ingrédient holistique le plus efficace en complément des traitements conventionnels. Sa capacité avérée à réduire la perte protéique et à augmenter l'albumine sérique est corroborée par des données mécanistiques démontrant une suppression des voies inflammatoires (NF-κB) et un soutien à la fonction immunitaire.
Cependant, l'utilisation thérapeutique de l'astragale doit être soigneusement restreinte. Son mécanisme d'action impliquant une activation immunitaire, il présente un conflit direct et potentiellement mortel avec les agents immunosuppresseurs classiques (par exemple, ciclosporine, tacrolimus, cyclophosphamide). Par conséquent, l'astragale ne peut être recommandée que sous la supervision explicite d'une équipe de néphrologie, idéalement réservée aux patients sensibles aux corticoïdes ou à ceux traités sans traitement immunosuppresseur puissant.
La curcumine représente le deuxième candidat le plus prometteur, notamment pour les étiologies secondaires du syndrome néphrotique comme la néphropathie diabétique, compte tenu de son action protectrice hautement spécifique sur les podocytes contre le stress oxydatif. La curcumine présente toutefois des limites en raison de sa formulation complexe (biodisponibilité) et de son risque élevé d'interaction métabolique avec les inhibiteurs de la neuraminidase (INC).
6.2 Résumé des directives d'intégration
Toute intervention holistique doit être considérée comme une mesure strictement complémentaire, renforçant la prise en charge pharmacologique principale (stéroïdes, inhibiteurs du SRA). Les recommandations d'intégration définitives privilégient la sécurité avant tout :
Surveillance clinique obligatoire : Tous les suppléments à base de plantes ou complémentaires doivent être examinés et approuvés par l'équipe de néphrologie du patient afin de détecter les effets indésirables, la néphrotoxicité et, plus important encore, les interactions médicamenteuses potentielles, en particulier avec les immunosuppresseurs.
Évitement des agents néphrotoxiques : Il est nécessaire d'éviter strictement tous les composés néphrotoxiques connus (par exemple, Aristolochia, herbes riches en phosphore) pour prévenir la progression accélérée de l'IRC.
Qualité et pureté : l’utilisation exclusive d’extraits et de produits standardisés dont le contenu et la pureté sont vérifiés par un tiers est essentielle, atténuant ainsi le risque associé aux compléments mal réglementés.
Application ciblée : Le choix entre l'astragale et la curcumine doit refléter l'étiologie sous-jacente du syndrome néphrotique, en alignant le mécanisme spécifique de la plante (immunomodulation vs protection antioxydante des podocytes) avec la pathologie spécifique du patient.
6.3 Orientations de recherche futures
Pour que les données cliniques préliminaires et mécanistiques prometteuses soient largement acceptées, les efforts futurs doivent se concentrer sur des essais contrôlés randomisés (ECR) multicentriques, à grande échelle et de haute qualité. Ces essais doivent évaluer le profil de sécurité et l'efficacité de l'astragale et de la curcumine lorsqu'ils sont administrés en association avec des schémas immunosuppresseurs modernes spécifiques, en accordant une attention particulière au développement de formulations de curcumine sûres et biodisponibles qui évitent toute interférence avec le système CYP450. Des données rigoureuses sont nécessaires pour établir des schémas posologiques sûrs et fondés sur des données probantes, intégrant ces phytothérapies à la pratique néphrologique contemporaine sans compromettre la sécurité des patients.
Sources:
- https://www.ncbi.nlm.nih.gov/books/NBK470444/?hl=en-US
- https://www.kidneyfund.org/all-about-kidneys/other-kidney-problems/nephrotic-syndrome-symptoms-causes-and-treatment?hl=en-US
- https://www.mayoclinic.org/diseases-conditions/nephrotic-syndrome/symptoms-causes/syc-20375608?hl=en-US
- https://www.aafp.org/pubs/afp/issues/2016/0315/p479.html?hl=fr-FR
- https://www.rch.org.au/clinicalguide/guideline_index/nephrotic_syndrome/?hl=en-US
- https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC4891386/?hl=en-US
- https://www.kidneyfund.org/treatments/medicines-kidney-disease/herbal-supplements-and-chronic-kidney-disease-ckd?hl=en-US
- https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/11213066/
- https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC7547748/?hl=en-US
- https://www.kidney.org/kidney-topics/herbal-supplements-and-kidney-disease?hl=en-US
- https://www.pharmacytimes.com/view/5-natural-products-that-can-trigger-renal-failure?hl=en-US
- https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC3812398/?hl=en-US
- https://www.frontiersin.org/journals/pharmacology/articles/10.3389/fphar.2021.774414/full?hl=en-US
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